Entre les ombres
Entre les ombres reflète un été trop chaud que l’on vit dans l’obscurité. Une sécheresse, une chaleur que l’on fuit entre les ombres, aux heures tardives. Le sable entre les mains, le bleu aussi. Une lumière, une poussière que l'on retient. Ici le sable glisse et se cristallise. Les corps courbent, rident dans l'eau opaque. Le temps semble figé dans ses instants fragiles et éphémères qui nous traversent et nous habitent.
Été 2020
Série de 11 photographies
D’après négatifs 6x6 numérisés
Dimensions variables
Animal (en cours)
Entre les ombres
Entre les ombres est un projet en cours. Il reflète un été trop chaud quel l’on vit dans l’obscurité. Une sécheresse, une chaleur que l’on fuit entre les ombres.
été 2020
Entre les ombres
Entre les ombres est un projet en cours. Il reflète un été trop chaud quel l’on vit dans l’obscurité. Une sécheresse, une chaleur que l’on fuit entre les ombres.
été 2020
Entre les ombres
Entre les ombres est un projet en cours. Il reflète un été trop chaud quel l’on vit dans l’obscurité. Une sécheresse, une chaleur que l’on fuit entre les ombres.
été 2020
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Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon en 2016, Charlotte Audoynaud développe une pratique pluridisciplinaire dans laquelle se mêlent photographie, écriture, vidéo et son.
Entre autobiographie et fiction, dans un registre poétique et sensible, son travail investit la notion de territoire intime, les liens qui s’y façonnent, les manques qui s’y jouent, les disparitions qui l’habitent. Attentive à l’impermanence des corps et à leurs relations à l’environnement, elle photographie ses proches dans une nature englobante. Traçant les contours d’un récit familial onirique, elle compose une fiction documentaire intergénérationnelle où les souvenirs affleurent et l’enfance déborde.
Prochainement, elle exposera ses photographies au mi-lieu de l'abc à Dijon. En 2024, elle est sélectionnée pour la résidence photographique du Collectif Trigone et expose Étreindre les ombres à la galerie Photon à Toulouse ainsi qu’au Festival Photo Zoom en Couserans, au printemps. Cet été là, elle expose également J’irai creuser la mer au Jardin Anglais à Dinan (2024) et à l’Hôtel de Ragueneau à Bordeaux dans le cadre des quinze ans de l’association Cdanslaboite (2024). Les lucioles a été projeté aux Nuits Photographiques de Pierrevert (2024) ainsi qu'au Centre d’art et de photographie de Lectoure (2023), mais aussi à Lille pour le Prix Mentor où elle remporte le vote du jury (2023). Par ailleurs, J’irai creuser la mer, a été exposé à la Galerie VU’ à Paris, dans le cadre de l’exposition collective du Mentorat Photographique du Fonds Regnier pour la création avec l’Agence VU’(2022). Elle reçoit la même année, le Prix PixTrakk, lors des lectures de portfolios des Photaumnales à Amiens (2022). Son ensemble photographique Le bruits des orgues, a été exposé à la Galerie Lumière d’Encre à Céret (2021).
En débute sa pratique artistique en duo avec l’artiste plasticienne Ludivine Zambon et en collaboration avec le compositeur Pierre Audoynaud. Ce travail nourrit de vidéo et d’installations a fait l’objet de plusieurs présentations publiques, notamment lors de l’exposition collective Nouvelle vague, dernière vague (2018), en résonance à la Biennale d’art contemporain de Lyon (installation vidéo Le jardin des Argonautes, 2017), ou encore lors de l’événement Première étoile, dernier flocon à la Villa du Parc d’Annemasse (2017).
Par ailleurs, Charlotte Audoynaud collabore avec ses frères dans le cadre du projet musical AUDOYNAUD, elle réalise les photographies, vidéos et pochettes.
As a graduate from the Ecole Supérieure des Beaux Arts of Lyon (2016), Charlotte Audoynaud is developing an artistic practice where photography and writing
intertwine.
Between autobiography and fiction, using a poetic and tender register, her work explores the notion of intimate territory: the ties, gaps and disappearances within. Mindful of the impermanence of bodies and their relationship to the environment, she stages her family inside an all-embracing nature. Her ensembles,
thought as micro-territories from scoured space and tested time, tend to blur the borders of reality. Her photographic sentences make out the outline of a dreamlike, deconstructed family story, where mere pieces of the everyday encounter the extraordinary. A natural, nostalgic tale where childhood unfolds and generations blend.
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2025
Braver les ronces pour mieux se perdre, Au mi-lieu de l’abc - Dijon
2024
J'irai creuser la mer, Jardin Anglais - Dinan
Étreindre les ombres, Galerie Photon, sortie de la Résidence Trigone - Toulouse
2021
Le bruit des orgues, Galerie Lumière d’Encre - Céret
Le bruit des orgues, Zone blanche sur le mur des ateliers, COEF180 - Saint-Malo
2018
Solitudes en éclats, performance, Salle Martin Luther King - Annemasse *
2017
Le jardin des Argonautes, en résonance à la Biennale d’art contemporain, Mapraa - Lyon *
Re-mettez vos manteaux, Galerie Topic - Genève *
EXPOSITIONS COLLECTIVES
2025
Tout va bien, exposition Premier Exemplaire avec le festival ManifestO et l’espace culturel capitole - Toulouse
Fragment, 4èmes biennale des Petits Formats - Le Val d'Ocre
2024
Septembre de la photographie à La Réole, avec Cdanslaboite, J'irai creuser la mer et Les lucioles, - La Réole
Les Journées Photographiques, avec L'oiseau à ressorts, J'irai creuser la mer - Le Val d’Ocre
Festival Zoom Photo en Couserans, sortie de la Résidence Trigone, Étreindre les ombres - Seix
Les quinze ans de Cdanslaboite, Hôtel de Ragueneau, J'irai creuser la mer et Les lucioles - Bordeaux
Portes Ouvertes d'Ateliers d'Artistes - Le Val d’Ocre
2023
Portes Ouvertes d'Ateliers d'Artistes, invitation de Laureline Lê et Hugo Duina - Le Val d’Ocre
2022
Galerie VU', Mentorat Photographique du Fonds Régnier pour la création avec l’Agence VU' #2 , J'irai creuser la mer, - Paris
L'écho de la lumière, VEP#4, Les lucioles, friche portuaire, avec COEF180 - Saint-Malo
2021
VEP#3, Hippodrome, avec COEF180 - Saint-Malo
2022
IN- Immersion Nocturne, (commissariat : imagespassages), vitrines des quartiers de Novel et des Teppes - Annecy *
2020
VEP#2, Anciens hangars SNSM Quai Trichet (commissariat COEF180) - Saint-Malo *
Action! exposition virtuelle, Françoise Artmémo (commissariat Cristina Barroqueiro) - Paris *
2018
Territoire de fête, L’Atelier au Cube - Ambilly *
Nouvelle vague, dernière vague, Forum expo Bonlieu (commissariat imagespassages) - Annecy *
Portmanteau Rotary Plate, Capsule-2 à Halle Nord - Genève *
2017
This is where we belong, Point Commun - Annecy *
Quand les attitudes deviennent informes, Nuit Blanche OFF, Gymnase Jean Verdier - Paris *
Mulhouse 017, Biennale de la jeune création contemporaine - Mulhouse *
Un pas de côté, Maison Jean Vilar, église des Célestins, Hôtel Forbin la Barben, Festival Parcours de l’art - Avignon *
Les Recombinants, exposition multimédia (commissariat Madja Edelstein-Gomez) *
2016
Sur la page, abandonnés, Galerie Valerie Delaunay - Paris *
2013
Au bout, le sud et après encore, CAP - Saint-Fons
RÉSIDENCES
æ
2024
Résidence Trigone, résidence artistique, Collectif Trigone, Campagne-sur-Arize - France
2023/2024
Invitation artistique avec le groupe musical Gelatine Turner, association À Vau L’Eau, Marais Poitevin - France
2016/2017
Invitation à la résidence artistique de Ludivine Zambon, association Picto, espace de production artistique autogéré - Genève *
PROJECTIONS
2024
Les Nuits Photographiques de Pierrevert, Les lucioles - Pierrevert
Noël des Photographes, La Chasseuse Berlinoise, Braver les ronces pour mieux se perdre - Toulouse
2023
Prix Mentor, Session #6, Les lucioles - Lille
une histoire en photo, Centre d’art et de photographie de Lectoure, avec La Clique, Les lucioles - Lectoure
2021
pendant ce temps le dehors, Rotolux, Poush Manifesto - Clichy *
pendant ce temps le dehors, Festival Rendez-vous à Saint-Briac - Saint-Briac * (annulation covid)
pendant ce temps le dehors, Chantier de l’association Bel espoir - Aber Wrac’h *
(commissariat Alice Delanghe et Fanny Gicquel en partenariat avec l’association Finis Terrea et la DRAC Bretagne)
2018
Locos de nature, (commissariat : imagespassages), Nocturnales du Festival Annecy Paysages, Sellerie du Parc du Haras - Annecy *
2017
Festival Parcours de l’art, Maison Jean Vilar - Avignon *
Première étoile, dernier flocon (Versant vidéo), Villa du Parc - Annemasse *
PRIX/ BOURSES
2024
Rejoint l'Annuaire des artistes de Bourgogne – Franche-Comté
2023
Finaliste Prix Mentor, Session #6 - Paris
2022
Prix PixTrakk, lectures de portfolios des Photaumnales, Diaphane - Amiens
Aide individuelle à la création, DRAC Bretagne- Ministère de la Culture
2021
Allocation à l'installation d'atelier et à l'achat de matériel, DRAC Bretagne - Ministère de la Culture
Aide au maintient de l'activité dans le cadre du programme Traversées, sous la coordination du CIPAC, de la FRAAP et du réseau Diagonal, avec le soutien du Ministère de la Culture
2020
Rejoint les ateliers d’artistes COEF180 - Saint-Malo
PUBLICATIONS / ÉDITIONS
2025
Hyperboréen, pochette et visuels du premier vinyle AUDOYNAUD, Label Eaux sombres
2024
Duo, in : Philosophie magazine n°182, revue papier
Les cormorans, in : Papier salé numéro 2, revue papier
2023
J’irai creuser la mer, in : Premier exemplaire magazine, #001 L’Humain, revue numérique
2022
J’irai creuser la mer, photozine en collaboration avec Patrice Latron et Samuel Etienne, éditions Strandflat
Le conte naturel de Charlotte Audoynaud avec le texte de Léonor Matet dans le cadre du programme Traversées, in : le blog Lacritique.org
L'oubli de l'aurore, pochette et visuels du premier album de Gelatine Turner, Label In silico
2021
Quarante cinq géomètres, photographies de l’album électroacoustique de Pierre Audoynaud, Amsterdam, Label Shimmering moods
2020
L'être instable, in : rubrique web, Les coups de coeur #302, Fisheye Magazine
Derrière les nuages, pochette et visuels de l’EP de Gelatine Turner
2019
Re-mettez vos manteaux, in : Fanzine, Biennale Interstellaire des espaces d’art de Genève (BIG), Genève, production Résidence Picto *
Solitudes en éclats, pièce sonore, in : dans l’édition “Pochette Surprise culturelle”, vol. 1, Annemasse, FBI Prod et le Sismographe *
2016
Mokpo, in : À voix haute dans ta tête, vol.1, Le Mans, édition Cabane (collection Chuinte) *
Format paysage, in : Sur la page, abandonnés, vol.1, Paris, édition. Extensibles *
C’est un blanc nuit, pièce sonore, Radio Brume - Lyon *
FORMATIONS / ACCOMPAGNEMENT
2025
Développer un projet photographique en situation de résidence et réaliser un livre d'artiste, par Claudine Doury, avec Caroline Lusseaux.
2024
Concevoir et réaliser un livre photographique : de l'editing à la pré-maquette, par le Bec en l'Air Éditions et l'Agence VU', avec Fabienne Pavia, Dominique Herbert et Patricia Morvan, Agence VU' - Paris
2021/2022
Mentorat Photographique du Fonds Régnier pour la création avec l’Agence VU' #2, accompagnée par Patricia Morvan et Claudine Doury, Agence VU' - Paris
2016
DNSEP, École nationale supérieure des beaux-arts - Lyon *
2014
DNAP, École nationale supérieure des beaux-arts - Lyon
2010
Licence de géographie et environnement, Paris I La Sorbonne - Paris
ACTIONS CULTURELLES
2023/2025
Ateliers de photographies forme courte, Lycée Paul Poiret et Lycée Étienne Dolet, avec la Manufacture Chanson et l'artiste Romain Audoynaud - Paris
2025
Membre de la commission artistique de l'association L'Oiseau à Ressort - Le Val d'Ocre
2024
Workshop "Récit photographique et leporello" en partenariat avec l’association Cdanslaboite dans le cadre Septembre de la photographie de La Réole
Résidence territoriale d’éducation artistique et culturelle en partenariat avec l’association Hors [ ] Cadre et le soutien de la Drac Bourgogne Franche-Comté et les Rectorats des Académies de Dijon et Besançon, école élémentaire - Aillant-sur-Tholon
Géographie vivante dans le cadre du dispositif national Notre École Faisons-la Ensemble, école élémentaire - Domat
2023/2024
Défis de la culture, atelier de photographies, Lycée Fourier, en collaboration avec l’association Hors-cadre, avec le soutien de la DRAC et le Conseil régional de Bourgogne-Franche Comté à travers son dispositif ÉVEIL - Auxerre
2023
Atelier photographique, avec les résidents et résidentes des quartiers prioritaires avec l’association Hors-cadre et en partenariat avec l'OVH d 'Auxerre pour le contrat de Ville avec le soutien de la Drac Bourgogne Franche-Comté et de la communauté d'agglomération - Auxerre
2020/2022
Participation à la vie associative du collectif d'artistes COEF180 - Saint-Malo
2022
Membre de la commission artistique du collectif d'artistes COEF180 - Saint-Malo
Écoutez jeunesse, résidence photographique, association COEF180 - Saint-Malo
Mini explorateurs, exploration scientifique et artistique des paysages littoraux, jeunes publics, association COEF180 - Saint-Malo
Phosphorescence, projet EAC en collège, avec Agathe Mariposa, Aurélie Lecoq, et Bastien Colin, association COEF180 - Dinard
Plancton, atelier d'écriture avec les jeunes adultes de l'hôpital de jour de Saint-Malo, association COEF180 - Saint-Malo
2021
Mix & Clip, ateliers d'écriture, jeunes publics, avec l'association COEF180 et en collaboration avec La Nouvelle Vague - Saint-Malo
L'envol, ateliers photographiques avec les jeunes adultes l'hôpital de jour de Saint-Malo, association COEF180 - Saint-Malo
2020
Une île à l’Espérance, atelier photographique mené avec l'artiste Alice Delanghe, tous publics, association COEF180 - Saint-Malo
2018/2019
Conception et animation de cours d’arts plastiques jeune public, Espace Beaujon - Paris
Développement d'activités de médiation en direction du jeune public, stage Maison de Chateaubriand - Châtenay-Malabry
2017/2018
Master 2 Médiation culturelle : Concevoir des Projets éducatifs et Culturels en Partenariat, École nationale supérieure du professorat et de l’éducation, Académie de Versailles - Cergy-Pontoise
2017
Atelier artistique en milieu scolaire, avec l’association Fanatikart - Paris *
TEXTES
* projets d'installations vidéos et d'édition
en duo avec l'artiste Ludivine Zambon
de 2017 et 2021
Christophe FOURVEL / 2024
in : l’annuaire des artistes de Bourgogne-Franche-Comté
texte commandité par Seize Mille réseau art contemporain, Bourgogne-Franche-Comté`
Charlotte Audoynaud travaille uniquement avec un appareil argentique. Un Hasselblad, un boitier à l’apparence de caméra du siècle dernier et au viseur de poitrine, le même qui accompagna les astronautes sur la lune au tournant des années 70. Cela changera peut-être un jour, sous le poids de la nécessité financière mais jusqu’à aujourd’hui, la photographe (née en 1986), persiste à décliner tous les possibles immenses que font miroiter nos logiciels. Il faut, pour qui refuse la tentation différée de transformer l’image sur son écran d’ordinateur, obtenir l’acquiescement du ciel, une bienveillance de la lumière ; accepter de s’arrêter de photographier avant le crépuscule ou bien de commencer avec lui. Mais cette allégeance au temps linéaire rend aussi plus prégnantes la finitude de toute chose, la constance et la précarité de ce qui nous importe. Alors, sur les photographies argentiques de Charlotte Audoynaud, l’histoire immémoriale ose sa patine sous l’histoire immédiate, les enfants grandissent et les adultes vieillissent dans cette permanence à laquelle on feint de croire pendant les quelques décennies où il nous est donné de vivre parmi les arbres, les saisons et leurs cycles presque éternels. Les paysages, les gestes, les corps dessinent des lieux et des moments de vie familiaux très peu fortuits sans toutefois relever d’une mise en scène appuyée. Attitudes quasi dessinées, presque picturales, sous-tendues par une confiance palpable. Charlotte photographie sa mère, ses enfants, ses frères et sa sœur au sein de décors toujours réduits à quelques objets — une table, un radiateur, un mur, un vase. Elle photographie les saisons, le territoire environnant de sa maison, les animaux qui veulent bien ralentir sur son chemin ; la compagnie des vagues, parfois. Une nature jamais édifiante et à l’abord adouci par une manière routinière de la traverser. On entre en forêt, on arrive sur la roche marine comme on surprendrait un être familier au réveil et cette présence sauvage est comme le deuxième cercle de l’intime, le remblai qui fait pendant au creusé d’une rêverie solitaire. Le travail de Charlotte Audoynaud est en couleur mais imbibé d’une douceur chromatique, livré parfois à des brumes ou des ombres gourmandes. Là est peut- être le point de la plus poétique tension, une dualité à la fois complice et contraire qui fait se confronter dans la même image, une fragilité de la lumière et la solidité des liens tissés avec les êtres et l’espace élu comme lieu de vie. Et cela « s’écrit » sous forme de chapitres, (c’est ainsi que Charlotte nomme les différentes séries de son travail) c’est à dire dans une continuité qui réclame ses paliers, ses ruptures minimes ; ou du moins qui les suggèrent. Aux côtés de ses images, Charlotte expose des textes qu’elle écrit elle-même comme des voies que le regard peut arpenter en parallèle de ses photographies ; ni pléonastiques, ni explicatifs, ils sont une résonance toute personnelle, puisés à la même veine que les titres qu’elle aime donner aux différents chapitres de son travail : « J’irai creuser la mer », « Étreindre les ombres », « Nos cris intérieurs ». On fait un pas de plus vers les cadrages à la fois contemplatifs et tourmentés de Tarkovski. On comprend mieux l’enjeu de sa démarche en lisant certaines de ces phrases, qui disent ce qui, du paysage, est à la fois soi et déchargé de soi. Comment « les oiseaux » dans le ciel deviennent « nos oiseaux » tout en conservant leur innocence :
Mes oiseaux sont innocents, ils n’ont pas connu la perte, l’absence, le manque. Ils sont vie et joie, mais aussi colère et larmes. Ils sont forts et fragiles à la fois. Naufragés échoués d’un matin d’automne, ils évoluent dans un équilibre précaire, de roche en roche, de failles en creux, dans un brouhaha silencieux d’écume.
Pareils mots sont autant les fils qui cousent un parcours entre les images que la toile fragile tissée par la pensée de celui ou celle qui choisit de photographier. Ils confortent l’évidence ressentie au contact du visible ou proposent de s’en écarter pour un infime différent. Ils s’offrent à nos regards, sur les murs, comme les autoportraits littéraires d’une artiste qui ne retourne jamais l’objectif de son Hasselblad vers elle-même.
Perle MORDAN / 2021
in : Agitation Podcast, Soundcloud
Le bruit des orgues / exposition Charlotte Audoynaud
Un podcast poétique à écouter.
Une exposition mensuelle était en cours sur les murs de COEF 180, la zone blanche. Charlotte Audoynaud y exposait ses clichés, capturés en Ardèche, lors d'un certain été 2020. On pourrait croire à un poème délicat et juste, se sont le nom des séries de clichés de Charlotte Audoynaud, photographe et vidéaste, elle vous invite au voyage. Ce n'est pas seulement un oeil qui capture l'éphémère, elle est de ces personnes qui n'écrivent pas, elle vous invite à danser avec elle. Le bruits des orgues, vous n'étiez pas près, vous n'aviez pas encore enfilé votre plus beau costume que vous vous trouvez déjà emporté parmi la foule, à tourner autour de ses notes, ses mots, enveloppés de ses couleurs. Tantôt mélancolie, tantôt tendresse, tantôt trop tôt mais temps qui passe. Les clichés de Charlotte m'ont transmis une grande inspiration, à plein poumons. Souvent et presque tout le temps, la plume de sa soeur Mathilde rejoint le bal, elles gravitent ensemble autour de lettres et syntaxes, en plein apesanteur elle vous saisit. Elles y ont déposé une attention tout particulière, car oui, si vous vous aventurez dans la lecture de ces versets, vous y rencontrerez la plume légère de Mathilde, le savant mélange amer et sucré d'un temps déjà passé, là, derrière. c'est inévitable, quand Charlotte parle du futur incertain, elle nous parle bien du présent qui le forme seconde après seconde.
L'intention, c'était de construire un projet autour de son exposition Le bruit des orgues, et j'ai rencontré Charlotte, et nous avons échangé sur son travail, plusieurs fois, et je pense avoir compris quelque chose, autre chose. J'ai parcouru Le bruit des orgues dans l'intention de les entendre, la plume de Mathilde m'a indiqué le chemin, et j'y ai découvert Charlotte. Cachée derrière son orgue, elle compose et s'amuse des siens, nous assistons là à une pièce de théâtre improvisée.
Alexandre BERTRAND / 2019
Déjà, les jours rallongent. Une faible lueur commence à poindre dans les pièces aux murs blanchis par l'homme et jaunis par le temps. Le clair obscur est ici une ode à l’éternel recommencement ; où l'hiver, sombre et morne laisse place à un printemps plus lumineux et vivant. Il dépeint également une ambivalence : une temporalité permanente. Celle de la Terre immuable et majestueuse et la nôtre, nous renvoyant inlassablement à notre condition d'Homme, simple passager sur Terre.
Léonor MATET / 2022
in : la revue d’art contemporain en ligne, Lacritique.org
Le conte naturel de Charlotte Audoynaud
« Mes séries sont des microterritoires, avec un espace-lieu et à un espace-temps assez précis, mais hors du temps ». Charlotte Audoynaud, née en 1986, décrit ainsi le coeur de son travail. A l’origine de cet univers visuel et textuel poétique, ce sont des vacances en famille.
Des retrouvailles qui se tiennent rituellement dans des lieux isolés et sauvages, depuis la disparition d’un être cher. La photographe n’a, depuis lors, de cesse que de photographier ceux qui sont autour, représenter les absents par leur présence et faire vivre les vivants. Son cadre est romantique, et les enjeux de la société contemporaine sont oubliés un instant, au profit de l’abandon de soi, du calme, de l’épanouissement de l’être dans le lien qu’il noue avec la nature. C’est finalement un nouveau monde intime qui s’offre à voir, peuplé de sujets-corps singuliers mais anonymes, devenant ainsi universels, tel un conte imagé, qui s’écrit au fil du temps et évolue. La micropopulation s’agrandit avec l’arrivée d’enfants, perpétuant inconsciemment la tradition de cette réunion et nourrit le récit de Charlotte Audoynaud. Des fragments d’éléments naturels devenant des fragments de vie, voici le théâtre de ses mises en scène, dont l’approche est décidément instinctive.
Les personnages de son conte évoluent dans « des espaces restreints que l’on expérimente ensemble, précise-t-elle, avec une relation intime aux lieux, même s’ils n’ont été traversés que quelques instants ». Le temps d’un été.
« Composer un ailleurs avec ce qui nous est proche ». C’est peut-être celui-ci le conte que l’artiste défend, celui d’un monde imaginaire créé non pas pour remplacer la réalité, mais peut-être pour l’adoucir ou traduire des émotions autrement.
Mathias NOUEL / 2022
in : livret exposition MP#2, Galerie VU’
Charlotte Audoynaud trace les contours d’un territoire plus évanescent, celui de l’enfance, dont elle cherche le souvenir à travers le quotidien d’enfants qui ne sont plus vraiment les siens, rendus par la photographie et dans un vertige, à la lumière et la nature.
Lou TSATSAS / 2020
in : rubrique web, Les coups de coeur #302, Fisheye Magazine
« Je développe ma pratique photographique entre récit personnel et fiction. Je capte des instants de vie, des lieux parcourus au quotidien. Je cherche par le cadrage, la lumière ou des mises en scène éphémères à constituer des séries oniriques où la frontière entre le réel et le rêve est infime », raconte Charlotte Audoynaud, photographe et vidéaste. Diplômée des Beaux-Arts, l’artiste réalise des séries intimes et sensibles, semblables aux entrées d’un journal intime. L’être instable, projet né durant le confinement, s’inspire de « la promiscuité extrême, presque étouffante, entre les êtres ». Tentant désespérément de renouer avec une nature lointaine, la photographe met en scène ses enfants à côté d’éléments trouvés au coeur de leurs quelques excursions urbaines. Une collection d’images ludiques et délicates.
Alice DELANGHE / 2020
Les mises en scènes photographiques de Charlotte Audoynaud semblent coupées du monde, des espaces et des histoires du quotidien que nous connaissons. Les rapports de hiérarchie entre les adultes et les enfants s'effacent, ils sont personnages égaux et inventent de nouveaux liens familiaux dans une nature grandiose, initiatique et originelle. La figure maternelle est incarnée tantôt par des personnages, tantôt par la nature elle-même. Charlotte, devenue mère à son tour en 2013, formalise avec ses images, certains sentiments intrinsèques à la maternité, qu'on peine parfois à exprimer dans un quotidien domestique. Ses séries ponctuent le temps qui passe à travers des portraits, des récits d'aventures, à l'instar d'un album de photos de famille. Le temps est un enjeu crucial dans ses photographies. Il est celui qui fait grandir nos enfants et mourir nos parents; mais ici, chacun semble éternel. Son traitement du temps et du portrait sublime la peur de se voir mort ou bloqué dans une image que provoquaient les premiers portraits popularisés au 19e siècle. Devenir immortel dans une photographie de Charlotte, est une invitation à l'errance dans un monde candide, que l'on n'a plus envie, même une fois adulte, de laisser filer.
Emmanuelle BORDURE-AUFFRET / 2021
in : rubrique web, Le télégramme
(...)Le nouveau format des Zones blanches est inauguré par le travail de la photographe Charlotte Audoynaud. Formée à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, l’artiste développe un travail poétique et sensible, construit autour de l’humain et de son lien, presque animal, à la nature. Entre infinie nostalgie, construction paysagère et présence du corps, son exposition « Le bruit des orgues » propose un voyage intime et sauvage à travers le temps et la nature. Les orgues en question font référence aux orgues basaltiques de Jaujac, en Ardèche, que les photographies de Charlotte Audoynaud font murmurer dans les rues malouines, le temps d’une exposition.
Mathilde AUDOYNAUD / 2020
Le bruit des orgues
La conscience est continue, c’est une rivière qui coule constamment sans point d’arrêt. Le lâcher prise, faire confiance à nos sens plutôt qu’à nos pensées qui divaguent sans fins, nous permet de vivre en harmonie avec le monde qui nous entoure. En étant là dans le temps véritable qu’est le présent, nous prenons la décision de nous laisser flotter dans l’écoulement de la rivière. C’est une volonté de se laisser naviguer par les choses autour de nous, la sensation de la roche sous nos pieds, des feuilles s’entremêlant dans nos cheveux, de la douceur de l’eau qui apaise notre corps. Le choix du silence, décider de ne plus écouter nos pensées, mais de faire confiance à notre corps et le monde extérieur où il est en mouvement.
L'être instable
Nous sommes des êtres impermanents, qui vivons dans un monde qui change constamment. Le temps nous emprisonne et nous entraîne vers une finalité inévitable. Le changement est une notion angoissante de notre vie au point que nous ne pensons plus au temps présent, mais au futur incertain. Les enfants regardent les choses autour d’eux, ils observent le mouvement de la vie et s’émerveillent. Ils comprennent que nous ne sommes pas séparés de la nature, du monde extérieur qui nous entoure. Ils embrassent les choses simples, s’immergent dans le vrai temps, le présent. Les petits êtres voient les choses de manière claire et distincte, ils acceptent l’impermanence des choses.